Le Foscarnet reste un antiviral de choix pour traiter les infections impliquant des virus de type herpès. La présence de cristaux de Foscarnet dans les glomérules et/ou les tubules rénaux est responsable de la néphrotoxicité de ce médicament. Ces cristaux décrits dans des biopsies n’ont jamais été observés dans les urines.

Les urines de 6 patients ont été analysées avant, durant et après leur traitement par Foscarnet.

L’analyse du sédiment urinaire a été effectuée en microscopie par contraste de phase et lumière polarisée. Les urines contenant des cristaux lors de l’examen microscopique ont été filtrées et analysées par spectrométrie infra-rouge à transformation de Fourier (FTIR).

Les sédiments urinaires de 6 patients traités par Foscarnet ont révélé la présence de cristaux peu polarisants d’assez grande taille (16 à 70mm), de forme rectangulaire à carrée, en moyenne 10jours (minimum 7 et maximum 27jours) après le début du traitement. L’analyse par spectrométrie FTIR a révélé que ces cristaux étaient composés de Foscarnet. Les pH urinaires variaient entre 5,5 et 7,5 et la densité urinaire allant de 1,004 à 1,014. Une hématurie était présente chez 4 patients. Une leucocyturie ainsi que la présence de cellules tubulaires ont également été observées lors de la cristallurie. Cinq patients ont développé une insuffisance rénale aiguë (IRA) selon les critères KDIGO, réversible dans 3 cas. L’augmentation de la créatinine est apparue en moyenne 24jours (minimum 12 et maximum 47jours) après le début du traitement. Dans la majorité des cas, les cristaux de Foscarnet n’étaient plus présents ou en moindre quantité lors du développement de l’IRA (Fig. 1).

Nous décrivons pour la première une cristallurie de Foscarnet chez 6 patients. Une recherche systématique et précoce de ces cristaux devrait permettre de prévenir le développement d’une insuffisance rénale aiguë et d’envisager une alternative thérapeutique.